Au secours : Novlangue !

novlangue.jpgGrâce à Facebook, je tombe sur un billet d'humeur de Martina Chyba, journaliste à la RTS. L'auteur se joue de la tendance #novlangue avec humour et dit (avec talent) tout le bien qu'elle pense de cette nouvelle tendance, une exentricité des professionnels de l'enseignement... qui n'ont jamais quitté les bancs d'école.

Comme j'ignore si la source de la publication est pérenne, je préfère copier le contenu est le rendre disponible ici, pour mémoire. Finalement, le thème n'est pas trop éloignée de la réforme de l'orthographe...

Bonne lecture !

La chronique de Martina CHYBA

Journaliste et productrice à la RTS

Désolée je ne peux pas m’en empêcher. Je craaaque. Amatrice inconditionnelle de la novlangue pédante, bureaucratique et poli­tiquement correcte, je me dois de partager les dernières découvertes. Déjà cet été, j’ai adoré les campings qui ne veulent plus qu’on les appelle les campings parce que ça suscite instantanément dans l'esprit des gens l’image de Franck Dubosc en moule-boules ou de Roger et Ginette à l’apéro avec casquette Ricard et claquettes Adidas. Donc les professionnels de la branche demandent que l’on dise désormais «hôtellerie en plein air». Haha. J’ai aussi appris que je n’étais pas petite mais «de taille modeste».

Mais rendons à César ce qui lui appartient, l’empereur du genre reste le milieu scolaire et ses pédagos à gogo. J’étais déjà tombée de ma chaise pendant une soirée de parents quand la maîtresse a écrit sur le tableau que nos enfants allaient apprendre à manier «l’outil scripteur» au lieu de tenir un crayon. Je me suis habituée au fait que les rédactions sont des «productions écrites», les courses d’école des «sorties de cohésion» et les élèves en difficulté ou handicapés des «élèves à besoins éducatifs spécifiques». Mais cette année, sans discussion aucune, la mention très bien est attribuée au Conseil supérieur des programmes en France et à sa réforme du collège.

Zêtes prêts? Allons-y.

Donc, demain l’élève n’apprendra plus à écrire mais à «maîtriser le geste graphomoteur et automatiser progressivement le tracé normé des lettres». Il n’y aura plus de dictée mais une «vigilance orthographique». Quand un élève aura un problème on tentera une «remédiation».

Mais curieusement le meilleur est pour la gym - oups pardon! - pour l'EPS (Education physique et sportive). Attention, on s’accroche : courir c’est «créer de la vitesse», nager en piscine c’est «se déplacer dans un milieu aquatique profond standardisé et traverser l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête» et le badminton est une «activité duelle médiée par un volant». Ah! cest du sportif, j’avais prévenu. Les précieuses ridicules de Molière, à côté, c’est de l’urine de jeune félidé (je n’ose pas dire du pipi de minet).

Alors, les amis, ne perdons pas ce merveilleux sens du burlesque et inventons une nouvelle catégorie : la «personne en cessation d’intelligence» autrement dit, le con.

Signé Martina CHYBA, parent d’élève.
Ah non, re-pardon… Martina CHYBA, «génitrice d’apprenant».

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